J'avais déjà fait une comparaison en argentique ici. J'utilise souvent les deux, un peu indifféremment et avec plaisir sur un M9.

Le Jupiter-8 50mm f/2 est un objectif russe de la fin des années 50 qui provient d'un Zorki III est un peu plus "doux" du fait sans doute d'un traitement multicouche plus sommaire (et de son age) et d’une construction optique différente bien sûr. C’est visible en particulier à pleine ouverture. Dés lors qu'on ferme le diaphragme cela devient imperceptible. Comme j'utilise la pleine ouverture en portrait ou photo "creative", cette douceur n'est pas gênant, voir bénéfique. A F/4 comme sur les photos suivantes je ne vois pas de différences. Je ne dis pas qu’il n’y en a pas (des tests poussés montreraient des différences subtiles), juste qu’il n’y a pas de différences flagrantes.

Le Jupiter-8 est doté d’une monture à vis parfaitement compatible avec les anciennes montures Leica à vis (m39 ou LTM) et donc aussi avec la monture Leica M y compris numérique avec la simple bague d’adaptation (LTM/M ou m39/M). Il est aussi parfaitement couplé avec le télémètre leica M, cependant la mise au point est légèrement décalée de quelques cm pour une mise au point à 1m. Il semble que c’est un problème récurrent, parfois corrigé par une modification de l’objectif. Le problème ne se fait vraiment sentir que pour des portraits à la plus courte distance de mise au point, et on peut y remédier en reculant la tête et l’appareil avant de déclencher.

Autre défaut, la bague de mise au point n’est pas crantée, on est donc obligé de regarder les marques pour régler l’ouverture, c’est moins intuitif. Sur le Summicron je laisse la plupart du temps l’ouverture sur f/2 , et si je veux un peu plus de profondeur de champ par exemple je n’ai qu’a compter trois clics pour être à f/5,6 . Si on peut faire abstraction de ces petits points faibles, c’est un excellent objectif très économique pour tout utilisateur de télémètrique au format Leica vissant ou M. Malheureusement les objectifs Russes ont une réputation de qualité très variable. Ils peuvent être excellent, mais selon les époques, et selon les jours le contrôle qualité peut s’avérer très insuffisant. D’après ma modeste expérience, le matériel des années 50 est de qualité supérieure à ce qui s’est fait plus tard, mais avec l’age il peut avoir souffert... certains objectifs « récents » ont une optique correcte, mais la mécanique de mise au point est mauvaise, avec beaucoup de jeu par exemple. Donc il n’y a pas de règle, il faut tester l’objectif.

De l’autre côté les objectifs Leica M bénéficient d’une qualité de fabrication toujours exemplaire. La bague de mise au point est très fluide, la bague de diaphragme est précisément crantée, et la qualité optique et les traitements antireflets sont bons aussi. Je pense que en photographie argentique couleur, il y a un gain au niveau du contraste et de la saturation des couleurs. Mais en numérique ou en noir et blanc c’est moins sensible. Par ailleurs mon Summicron est assez sensible au « flare », une lumière vive (soleil) dans ou à proximité du champ va produire un voile diffus caractéristique au milieu de l’image. On vit bien avec, mais c’est pour dire que même un objectif Leica assez coûteux n’apporte pas la perfection absolue.

Leica M3 et Jupiter-8 2/50 photographié avec Leica M9 et Summicron 2/50


Leica M3 avec Summicron 2/50 photographié avec un Leica M9 et Jupiter-8 2/50