Qu'on parle de gravure sur bois, estampe, xylogravure, taille d'épargne, qui sont plus ou moins synonymes, ou qu'on s'intéresse aux variantes, de l'ukyio-e japonais à la linogravure, le principe reste le même. La réalisation de simples cartes de voeux pour cette fin d'année est l'occasion de montrer les grandes étapes de cette technique passionnante mais accessible à tous avec un minimum de matériel.

1- Le dessin.
bois gravé
Il faut garder en tête que le dessin gravé sur la planche sera inversé en miroir sur le papier, ce qui pose problème pour les textes en particulier. Personnellement je dessine le plus souvent directement à main levée sur le bois, mais toutes sortes de méthodes s'apparentant au décalque permettent de reporter un dessin préparatoire inversé.

2- La gravure
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Un jeu de gouges, ciseaux et couteaux bon marché fera un long chemin, même si certaines lames sont un peu fragiles, mais il faut garder les tranchants correctement affutés.

Le support est ici un panneau de "médium", (MDF) fibres de bois agglomérées de moyenne densité, facile à trouver et à utiliser. L'utilisation de bois ou contreplaqué japonais permet d'accéder à des finesses et des textures supérieures.
gouge
Le but est d'évider toutes les parties qui doivent rester en blanc et de ne laisser en relief que le dessin qui sera encré. On pousse la gouge en faisant bien attention à ne pas déraper car les dégâts sont difficiles à rattraper, et bien sûr on ne laisse pas traîner son autre main devant.

3- La préparation de l'impression
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Tout est disposé à portée de main, , la planche gravée, l'encre et la brosse, le baren sur un support propre et les feuilles plus loin en zone propre (pas comme sur la photo).

On prépare le papier, et on l'humidifie à l'avance. Chaque papier est différent: après essai, avec un velin pour gravure, j'ai mouillé une feuille sur trois (empilées) pour obtenir la souplesse nécessaire sans le fragiliser. Avec un autre papier de type japonais plus fragile, j'ai préféré le laisser sec pour un résultat satisfaisant avec ce dessin et cette encre.

L'encre japonaise en pâte est diluée à l'eau pour obtenir une consistance crémeuse. Les encres grasses d'imprimerie sont belles mais ennuyeuses à nettoyer, longues à sécher, et l'huile abime facilement les papiers.



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Le baren, outil traditionnel japonais, est une feuille de bambou enroulée autour d'un disque dur ; il sert à l'impression, on peut le remplacer par une cuillère à soupe ou par une presse d'imprimerie adaptée (moins courant dans les ménages).

4- Encrage
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L'encre est étalée uniformément là où c'est utile. Les Japonais utilisent une brosse rectangulaire, on peut aussi utiliser un rouleau en caoutchouc de typographe, mais pour ce petit dessin, je me sens à l'aise avec un pinceau plat et souple qui permet d'éviter de laisser de l'excès dans les creux.

5- Impression
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On a fait un repère sur la planche pour poser la feuille sans erreur. On la maintient en place d'une main (celle qui prend la photo!) et on frotte de l'autre avec le baren en s'efforçant de couvrir uniformément la surface de l'image. On voit l'image apparaître au dos, soit que l'encre transparaisse, soit que la pression lustre et fasse briller le papier qui est légèrement gaufré dans l'opération. La pression nécessaire varie suivant l'encrage et le papier.

6- Séchage
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On retire l'épreuve d'un geste délicat.

Si l'image apparaît trop claire ou présente trop de manques, on peut essayer de mettre un peu plus d'encre, et d'appuyer plus fort, ou encore d'épaissir l'encre, et d'humidifier d'avantage le papier. S'il y a trop d'encre l'image sera baveuse.

Enfin l'épreuve est mise à sécher, à plat, à l'air et à l'écart pendant un moment. Puis à la fin de la séance, les épreuves sont empilées avec précaution car l'encre n'est pas encore sèche, et mises sous presse entre deux planches pour finir de sécher quelques jours.